Saturday, April 21, 2012

Le discours de la révolution

Le discours de la révolution ne s'écrit pas sur le coin d'une table pendant la pause-café ou pendant qu'on a un 'break' de notre journée de fou où tout prédomine sur ce besoin de bouleverser les choses qui n'ont plus de sens pour nous.

Le discours de la révolution se prépare avec une minutie d'orfèvre. Il se réfléchit, se penche avec une passion sans pesée sur des mots, des phrases, des interjections, des interventions qui changeront, pour toujours le cours de l'histoire.

Le discours de la révolution s'écrit, bien au contraire du petit discours d'écolier pour remporter une élection, à la chandelle, la nuit, à l'heure de la ponte des idées de femmes et d'hommes qui prennent un jalon de roc pour le planter eux-même sur le sentier des humains passionnés au galbe inégal de la matière qui ne se moule qu'au martèlement du pic du refus d'accepter de n'être qu'un simple objet inanimé!

Le discours de la révolution s'écrit les mains rougies de sang alors que la certitude d'y perdre sa vie pour gagner un droit, un bien plus précieux que les joyaux pour lesquels on tue, l'emporte sur l'incertitude de ne rien obtenir par son silence ou, pis encore, par le geste de ramper en couvrant ses paupières des oeillères de la connaissance sans l'action.

Le discours de la révolution s'écrit depuis le coeur jusqu'aux mains, et des mains jusque sur cette feuille de papier qui deviendra l'arme, le fer de lance de la femme ou de l'homme qui plantera son pylône dans le coeur du monstre de ce système défaillant lui refusant sa part d'humanité.

Le discours de la révolution s'écrit pour subsister aux âges, aux époques, à toutes les guerres, repris par les grands et les petits hommes de ce monde qui adopte cette parole, car la leur n'a pas de portée assez puissante pour convaincre le temps de s'arrêter.

Le discours de la révolution s'écrit avec le coeur qui bat dans ses ongles, remet en cause ce droit au souffle de la vie qu'on nous enlève molécule par molécule!

Le discours de la révolution est non seulement un mémorandum, mais il est un post-mortem parce qu'il s'écrit par les mains de celle ou de celui qui vomira ensuite de sa bouche le dessein d'une nation qui ne mendiera plus sa dignité comme pitance et son droit au respect comme nourriture qu'on donne aux cochons!

Le discours de la révolution sera le discours qui soulèvera les masses pour les emmener à gouverner la nacelle d'un peuple pour ouvrir les portes d'une forteresse qui lui refuse son statut d'être, de faire, d'avoir!

Le discours de la révolution s'écrit non en volte-face enfantine d'une querelle insensée d'idées qui n'ont pas de fondements, mais bien une guerre d'idéaux qui s'affrontent et dont la force de celle-ci devient le contrecoup à celui qui veut dominer en écrasant par la force de l'inintelligence et de l'entêtement.

Le discours de la révolution s'écrit tout en sachant qu'il n'y aura pas de retour en arrière, que lesdites paroles du discours ne pourront jamais être effacées, que la force de l'élocution ne pourra provenir que de la conviction de n'être rien sans ces mots!


Sylvie Maria Filion